Participation et légitimation des femmes et des personnes queer et trans en fonction du genre musical I : Présences, représentativité

4 juin 2021

Rencontre II.3

9h30 - 12h00

terminé

Les trois prochains vendredis DIG! détailleront certaines différences et inégalités de genre (“gender”) en fonction du genre musical. Sous un premier angle Présences, représentativité la rencontre II.3 portera sur les conditions de présence des femmes et les enjeux de représentativité dans certains rôles au sein d’orchestres classiques, à la radio commerciale, et dans la musique traditionnelle québécoise. Les paramètres qui régissent la participation des femmes jouant des cuivres sont-ils les mêmes en jazz qu’en classique? Comment l’identité de genre influe-t-elle sur sa capacité de faire diffuser ses chansons à la radio commerciale? Où sont les femmes d’hier et d’aujourd’hui en musique traditionnelle québécoise, et de quelle manière les discours sur la légitimité sociale sont-ils genrés dans la scène trad? C’est à ces questions et à bien d’autres que répondront vendredi prochain la trompettiste Émilie Fortin, la musicologue et directrice scientifique du Projet SongData Jada Watson (Université d’Ottawa), les musiciennes du groupe de musique Germaine, la coordonatrice de l’agence de spectacles Concertium Stephanie Vandelac, l’animatrice radio chez Énergie Andrée-Anne Brunet, et la violoneuse (et musicologue) que l’on entend sur le plus récent film sur La Bolduc Laura Risk(CRILCQ-Université de Toronto-Scarborough).

Horaire

  • 9h30

    Mot de bienvenue

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    Vanessa Blais-Tremblay (UQAM, CRILCQ, IREF)

  • 9h35

    Sous-représentativité des femmes dans la musique classique chez les cuivres

    Les stéréotypes associés au genre ont encore la tête dure dans le milieu de la musique classique, particulièrement chez la famille des cuivres (trompette, trombone, cor et tuba). En effet, chez les orchestres professionnels, la majorité des personnes jouant de ces instruments sont des hommes. Quelles sont les raisons expliquant ce manque de diversité? Lors de cette conférence, Émilie Fortin abordera les fondements historiques qui ont menés à cette disparité, en plus de partager des éléments de son expérience personnelle et de relever des faits assez révoltants à ce jour.

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    Émilie Fortin

    Émilie Fortin est une musicienne et enseignante passionnée qui désire repousser les limites techniques de la trompette et renouveler l’expérience de concert traditionnelle. Cherchant constamment à enrichir le répertoire de son instrument, elle a participé à la création de plus d’une trentaine d’œuvres internationalement, tant en solo qu’en ensemble. Depuis 2018, elle est également la directrice artistique du collectif de solistes Bakarlari, qui se dédie à la musique contemporaine et de création. Comme improvisatrice, Émilie se démarque par son approche rigoureuse qui se concentre sur la musique bruitiste. Émilie est boursière du Conseil des Arts du Canada et du Conseil des Arts de Montréal.

  • 10h05

    'Changer le monde un hit à la fois’ : Programmation et diversité à CKOI

    En mars 2019, Stéphanie Vallet a publié un article dans La Presse questionnant le manque d'artistes féminines dans le palmarès Billboard Canadian Hot 100. L'article notait que le palmarès atteignait en 2018 son plus bas niveau de diversité de la dernière décennie avec un maigre taux de 16% d’artistes féminines. Bien qu'un représentant de Bell média indiquait à Vallet que le genre n'entre pas en ligne de compte dans la programmation, les résultats de l’étude de Vallet démontrent la forte décroissance des femmes dans l'écosystème plus large - un écosystème dans lequel les ondes radio continuent de jouer un rôle important dans la découverte d'artistes. Au-delà des questions féministes abordées par Vallet, les enjeux liés à la représentation de la diversité ethnoculturelle et linguistique à la radio doivent également être soulevés. Les théories de la mémoire collective (Misztal 2003 ; Strong 2011) et du « redlining numérique » (Noble 2018) offrent un cadre critique pour considérer l’efficacité du « Big Data » à démontrer les enjeux à l'œuvre au niveau systémique. Dans le but de travailler à une compréhension préliminaire de la programmation à la radio au Québec, cette étude évalue la représentation des artistes minoritaires sur CKOI-FM (96.9) de Montréal. CKOI-FM a été choisie non seulement parce qu'il s'agit d'une station francophone « Top 40 » (c'est à dire tous les genres musicaux), mais aussi parce qu’elle utilise depuis 2015 le slogan « changeons le monde un hit à la fois ». Ce projet nous offre donc l’occasion d’investiguer la validité des déclarations faites par une radio qui se vante de la diversité sur leurs ondes. En adoptant une approche féministe et intersectionnelle à l’analyse des données – ce que nous appelons « data feminism » (D'Ignazio et Klein 2020), cette étude évaluera les différents taux de représentation sur CKOI-FM parmi les 100 chansons les plus jouées chaque année entre 2010 et 2020 afin de considérer le rôle que jouent les ondes radio dans la formation de la culture musicale populaire au Québec et, par extension, de la mémoire sociale.

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    Jada Watson (Université d'Ottawa)

    Jada Watson est professeure auxiliaire à l'Université d'Ottawa, où elle enseigne à l'École de musique et à l'École des sciences de l'information, ainsi que dans les Sciences humaines numériques. Elle détient un doctorat en musicologie de l'Université Laval et une maîtrise en sciences de l'information de l'Université d'Ottawa. Chercheuse principale du projet SongData, ses recherches visent à exploiter le potentiel des données de l'industrie de la musique populaire pour étudier comment les genres musicaux populaires se forment, se développent et changent au fil du temps. Centrées sur les questions d'équité, de diversité et d'inclusion dans la musique country, ses recherches se concentrent sur l'interprétation du « Big Data » émergeant des efforts de l'industrie de la musique populaire pour suivre la radio, les streams et les ventes (et finalement pour capturer des revenus), dans l'environnement réglementaire et médiatique actuel. Ses recherches ont alimenté les débats au sein de l'industrie et ont fait l'objet d'articles dans un certain nombre de publications nationales et internationales, dont le New York Times, Rolling Stone Country, Billboard et La Presse, et ont été présentées dans des médias tels que The National de la CBC et Full Frontal with Samantha Bee. Son travail a été cité comme une source majeure dans un rapport soumis à la Commission fédérale des communications des États-Unis en réponse à la proposition de la National Association of Broadcasters de déréglementer la radio, ainsi que dans un rapport de la Grammy Recording Academy sur l'inclusion et la diversité dans l'industrie musicale. Ses recherches ont été publiées dans Popular Music & Society, The Journal of the Society for American Music, American Music, Popular Music, et Music, Sound and the Moving Image. Elle a également rédigé des chapitres dans The Oxford Handbook to Country Music et The Cambridge Companion to the Singer-Songwriter. Elle est corédactrice d’une collection d'essais sur la musique country pour Cambridge University Press.

  • 10h35

    Femmes et féminité dans la musique traditionnelle québécoise

    Le groupe de musique Germaine présentera un exposé où le groupe témoignera des enjeux spécifiques à la participation, à la professionnalisation et à la légitimation des femmes dans la scène de musique traditionnelle au Québec. Germaine décrira ce que le groupe présente comme un système d'oppression présent à la fois dans les pratiques et dans les œuvres elles-mêmes, citant entre autres la réappropriation de thématiques féminines et de points de vue féminins par des groupes d'hommes. Le groupe abordera aussi le thème des violences à caractère sexuel qui sont omniprésentes dans les chansons traditionnelles québécoises et présentera des exemples où les actions décrites dans le texte sont négligées au profit de mélodies et harmonisations intéressantes.

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    Florence Mailhot-Léonard et Patricia Ho-Yi Wang (groupe de musique Germaine)

    Le groupe de musique Germaine est un groupe de musique traditionnelle québécoise ("trad") féministe et entièrement féminin dont la démarche artistique s'inspire des inégalités de ce milieu où les festivals présentent encore des programmations majoritairement, et parfois même exclusivement, masculines. Composé de Marylo L-Hétu, Florence Mailhot-Léonard, Myrianne Cardin, Mélina Mauger-Lavigne et Patricia Ho-Yi Wang, Germaine se réapproprie un terme péjoratif utilisé pour qualifier les femmes qui « gèrent et qui mènent » afin de chanter l'histoire des femmes invisibilisées dans l'histoire du Québec. Le groupe reprend également les chansons d'artistes féminines ayant marqué l'histoire musicale traditionnelle, en particulier la Bolduc, en témoignage des difficultés qu'elles ont dû affronter en tant que femmes pionnières dans l'industrie musicale.

  • 11h05

    PAUSE

  • 11h15

    Table ronde : Enjeux de représentativité chez les femmes et les personnes trans et non-binaires en musique au Québec : Différences et lieux communs

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    Avec la participation de Ariane Couture (Université Laval), Stéphanie Vandelac (Agence Concertium), Andrée-Anne Brunet (radio Énergie), et Laura Risk (Université de Toronto-Scarborough).

  • 11h55

    Mot de la fin